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La Guerre des Écailles est un Roman Fantasy
écrit en 2018 par l'autrice Arya Valanga
et édité en juillet 2023 aux éditions Les 3 Colonnes.
Dans ce monde dépourvu d’humanité, vivent quatre dragons du Continent issus des différentes races. Dauphin, second de la mer ; Lynx, dragonne du désert ; Firmament, dragon de la forêt ; et Avalanche, dernière princesse des montagnes. Ces dragons ne se ressemblent pas le moins du monde, aucun lien ne les enserre. Aucun ? C’est ce qu’il semblerait au premier abord.
Or les évènements les feront voler à travers le Continent, découvrir des endroits qu’ils pensaient ne jamais voir, rencontrer des dragons qu’ils croyaient ne jamais connaître. Ils recherchent chacun quelque chose en ce monde, une raison ardente pour laquelle leur cœur brûle. Dans leur quête de la vie, ils devront affronter mensonges, trahisons, et bien d’autres obstacles encore. Ils devront apprendre à se faire confiance, aux uns et aux autres, mais surtout à eux-mêmes.
Sans aucune conscience que leur épopée les mène vers quelque chose de bien plus grand que le bonheur ou la vérité. Poussés par le danger qui plane et les oppresse, ils poursuivront cette aventure jusqu’à accomplir leur fabuleuse destinée.
Illustrations originales de l'autrice inspirées des personnages du roman
Chef des Dragons Noirs
Leurs écailles sont une palette de couleurs allant de l’orange au rouge. Ils crachent du feu qui brûlent leurs ennemis et savent rester plusieurs semaines sans manger ni boire, cela évolue en fonction de leur âge. Les températures les plus hautes ne leurs font pas peur, au contraire, ils adorent se prélasser au soleil. Ils savent également s’enflammer et ont la vue d’un faucon pèlerin. Ils savent creuser le sol et aiment dormir dans le sable. Ils vénèrent la déesse Vulena plus que les autres dieux grâce à sa férocité et son côté rebelle.
Leur sang est bleu foncé.
Second de la Mer
Ces dragons dont la couleur des écailles passent du bleu au turquoise savent respirer sous l’eau grâce à leurs branchies et peuvent aussi communiquer avec les autres membres de leur peuple avec un système de vibrations et un capteur situé sous la barrière d’écailles de leur front. Ils ont un réservoir électrique et l’eau conduit l’électricité. Ils ont une grosse tête et de grandes dents. Ils savent très bien nager. Ils savent bien faire de la musique. Ils savent distinguer les objets et les proies dans le noir par ultrasons. Ils vénèrent la déesse Hamanée plus que les autres.
Leur sang est jaune clair.
Reine de la Forêt
Leurs couleurs se fondent parfaitement dans leur environnement. Effectivement, ils sont de couleurs brunes, vertes avec un peu de rouge. Leur moyen de défense consiste à jeter leurs épines urticantes. Elles repoussent après un ou deux jours. Ils possèdent un venin à injecter dans le sang pour paralyser l’ennemi. Les dragons du désert y sont allergiques, et leurs réactions sont variées. Ils ont une ouïe fine et dorment dans de grands arbres. Ils ont une haute gastronomie et vénèrent la déesse Sipilassée plus que les autres dieux.
Leur sang est rouge.
Seconde des Montagnes
Ces dragons adorent les températures glaciales. Ils crachent des cristaux de glace qui possèdent trois fonctions :
- Explosifs (Pour faire exploser ou créer un brouillard)
- Mortels (Pour transperçer et tuer)
- Glaçants (Pour immobiliser ou glacer)
Ils savent résister aux pressions atmosphériques les plus grandes et gagnent toujours les combats au ciel. Leurs ailes sont immenses, ce sont les dragons les plus rapides. Noirs, blancs, mauve foncé, bleu glace et parfois rose, leurs écailles sont pointues et en forme de vagues. Ils sont les plus beaux des dragons et ont une petite tête noire, mauve ou bleue foncée. Ils vénèrent le dieu Pharys ; aussi Roi des Dieux, plus que les autres.
Leur sang est rose.
Divinités et croyances des dragons du Continent
Étoile : Déesse de la Création et de la Vie. Elle fut reine pendant un court moment avant d’être assassinée par Ébène dans une guerre entre les deux dieux. Elle a créé le continent et ses habitants, les dragons, à son image. Toute blanche avec des yeux verts et remplie d’une douceur infinie, elle a quatre enfants, qu’elle a créé seule : Nord, Sud, Ouest et Est.
Ébène : Dieu des Ténèbres. Les Dragons Noirs sont ses fidèles serviteurs. Ils l’ont nommé leur unique dieu. Il est mort juste après avoir tué Étoile par Stakimlee, la créature mystérieuse. Il est entièrement noir avec des yeux tout noirs et adore gâcher les choses. Nous ne savons pas s’il a une progéniture.
Astre : Il était le Dieu du Soleil et de la Lumière avant de se transformer en Ébène à cause d’une malédiction. Il était blanc et doré, avec des yeux bleus très clairs. Il était gentil et responsable. Il n’avait aucun enfant.
Arben : Dieu de l’Or et de l’Ambition. Tous les dragons le vénèrent en secret, pour l’or qu’il peut leur apporter. Il est totalement doré, yeux compris. Il est fourbe et voleur mais il a un charme fou. Il a semé plusieurs enfants, avant de s’enfuir plus vite qu’il n’en faut pour le dire.
Ireìl : Déesse de la Musique et des Dragonneaux. Presque plus gentille qu’Étoile elle-même, c’est une très vieille déesse. Ses écailles mélangent homogènement trois couleurs pastelles : l’orange, le jaune et le rose. Ses yeux rose pâle et opaques. Elle a des centaines d’enfants, qui héritent de son pouvoir : le rythme, ou la dance.
Deseton : Dieu de la Gastronomie et de l’Alcool. Un dieu que peu connaissent. Il est discret et souriant. Il adorait Étoile. C’est un Monsieur Tout-le-Monde. Mais quand vient l’heure de la fête, il est là à distribuer ses nectars. Il est orange, rose foncé et rouge. Ses yeux sont jaunes et embrumés. Il n’a qu’un enfant : Sretes.
Rezerde : Dieu de la Mort et des Mâles. Tout en lui indique sa virilité et son sérieux. Insensible à tous les charmes, sauf celui de Vulena. Il est noir et bleu nuit. Ses yeux sont brun foncé. Il n’a qu’un enfant : Dyérïe.
Pharys : Dieu de l’Air, du Ciel et du Temps ; il fut choisi pour hériter du Palais des Dieux après la mort d’Étoile, devenant Roi des Dieux, et resta le Dieu des Montagnes. Il est juste et sévère, mais peut aussi faire preuve de grâce et de gentillesse. Il est bleu clair, mauve foncé et blanc. Il a les yeux noirs. Avec sa femme Kedonn, il eut beaucoup de fils et filles, mais sema aussi des œufs sur le continent.
Vulena : Déesse du Feu et Déesse attitrée du Désert. Féroce et séductrice à l’extrême, elle adore abuser de son charme pour rendre les dieux mal à l’aise. Rebelle et contre les cages, elle choisit souvent les idées d’Arett. Rouge sang et orange pétant, elle a les yeux bleus perçants. Elle a quelques enfants, qu’elle aime étrangement avec tendresse.
Hamanée : Déesse de l’Eau et des Océans, elle est aussi la Déesse attitrée de la Mer. Douce mais rancunière, elle aime taquiner les autres dieux et ne cesse d’essayer de séduire Rezerde, qui la remballe à chaque fois. Elle est bleue sur l’avant et bleue foncée sur l’arrière. Bizarrement, ses yeux sont de couleur blanche. Elle n’a que très peu d’enfants, presque tous sur le continent.
Sipilassée : Déesse de la Nature et Déesse attitrée de la Forêt. Elle est distraite et calme, mais quand elle plonge dans un débat, elle n’en démord pas. Elle est vert pacifique, accompagné d’un peu d’orange, de mauve, de rose ou de jaune. Elle a des yeux jaune éclairé et très peu de dragonneaux. Ses enfants sont les plantes.
Ramar : Dieu de l’Intelligence. Il peut être très ennuyant, mais il aide tous les dieux. Il adore taquiner les déesses. Il est bleu foncé, les yeux bleu saphir, et piqueté de petites taches blanches. Il a plusieurs enfants, mais ne les connait pas tous.
Arett : Dieu de la Guerre. Rancunier, méfiant et bagarreur, mais affectueux avec les déesses. Il est orange et brun avec des yeux rouges. Ses enfants sont inconnus.
Sretes : Dieu de la Discrétion et de la Paix. Loin d’être discret, il est étrangement très animé dans ses débats et adore faire la fête. Très extraverti, il a couché avec presque toutes les déesses, et même plusieurs dieux. Il a beaucoup d’enfants, il les aime tous.
Acquine : Déesse de la Chasse. Très douce et discrète, elle aime être adulée par les dragons du continent. Elle est noire et verte foncée. Ses yeux sont doux et chaleureux, de couleur rose pâle. Elle a quelques enfants.
Calie : Déesse du Calme et de la Sagesse. Elle est très raisonnable et aime beaucoup ses enfants. Stable et réservée, elle garde ses principes et n’aime pas être bousculée. Elle inspire le respect et dégage une autorité bienveillante. Elle est bleue et jaune pâle avec des yeux bleus homogène. Elle n’a pas beaucoup d’enfants, mais elle est la mère d’Étoile.
Kedonn : Dieu des Bénédictions et des Grâces. Il peut autant être bienveillant que perfide. C’est sa nature d’accorder la bonté, mais pas l’injustice. Il déteste les plaignants et les pleurnicheurs. Peut-être même un peu trop pour un dieu censé faire preuve de miséricorde. Il est orange embrumé, de couleur très calme, et a les yeux jaunes, eux aussi embrumés. Il n’a pas d’enfants, même si un dragonneau élargirait ses accords.
Thaume : Dieu du Monde des Morts. Il n’aime pas la mort. Il s’occupe des gardiens, de l’administration du monde et de la ville près du palais. C’est le seul à se préoccuper des autres plutôt que de lui-même. Il est gris et brun et a les yeux turquoise teinté de blanc. Il n’a pas d’enfants, mais aime Hécate.
Hécate : Déesse de la Médecine et des Livres. Toujours très attentionnée pour les autres et coquette, elle prend soin d’elle sans paraître centrée sur elle-même et respecte tous les dieux. Elle est blanche et légèrement rosée et orangée. Elle a les yeux timides et mauve très clair. Elle n’a aucun enfant, mais a le béguin pour Thaume. Ils sont très amis.
Sablox : Dieu de l’Architecture. Il est toujours concentré sur une tâche ou une autre et parfois totalement obnubilé, oubliant son entourage et son monde. Les déesses le trouvent irrésistible et il est très bien fait de sa personne. Il est entièrement jaune et a les yeux vert foncé et brun. Père de Élado.
Élado : Dieu de la Beauté et de la Lune. Il est discriminé chez les dieux mais même avec ses éléments apparemment ridicules, il se défend bien mieux que tous. Les déesses le trouvent particulièrement séduisant. Lui s’en rend compte et parfois en profite, même s’il est naturellement bon. Il est d’une riche couleur jaune orangé. Étincelant grâce à de petites taches blanches. Ses yeux sont orange, avec une perpétuelle lumière blanche au fond. Il a plusieurs enfants, mais il est amoureux d’une seule déesse : Dyérïe ; qui se fout de lui.
Dyérïe : Déesse de l’Art et des Femelles. Elle est infiniment douce mais féroce dans ses idéaux. Elle déteste les mâles. Trahie une fois, elle n’a plus aucune confiance et s’amuse à les séduire pour les rejeter. Plongée presque tout le temps dans son imagination, elle est peu présente dans ses fonctions, mais se plaît à offrir des présents aux dragons du continent. Elle est rose et mauve distingué. Ses yeux en amande sont bleus et gris. Elle n’a aucun enfant.
!! Alerte Spoiler !!
Si vous ne souhaitez par gacher votre plaisir de lecture du roman, ne scrollez pas plus loin.
LORE
Il y a trois millions d’années, la Lumière éclaira le monde. La naissance du premier dieu, dans un tout nouvel univers. Avant lui, et pendant longtemps, il n’y avait que le Néant.
Ce dieu ne portait pas de nom. Il n’était pas matériel, son être se composait de son esprit seul. Au bout de centaines d’années à errer dans les ténèbres, sans autre compagnie que son esprit primitif, celui-ci se développa. Il se rendit bien vite compte qu’il possédait un pouvoir immense ; le pouvoir de créer. Pour commencer, il se créa un corps. Cet ouvrage lui prit un temps infini, chaque pensée, chaque souhait, chaque idée se formait avec une lenteur exceptionnelle, car il travaillait avec la précision d’un grand artiste. Chaque cellule de sa création l’épuisait, mais sa détermination était inébranlable.
Lorsqu’il eut finalement terminé son œuvre, des centaines de milliers d’années s’étaient écoulées. Or le temps ne représentait rien pour lui. Il ne l’avait pas encore inventé.
La création de son corps lui permit de développer une intelligence flamboyante, et la fierté qui en découla amena des centaines de nouvelles idées de créations.
L’entité s’amusa ainsi pendant encore de très nombreuses années. Il créa l’univers, l’infini, le temps, l’espace, ainsi que des choses plus matérielles, telles que des galaxies, des constellations et des planètes. Au cours de ces instants, il fut doté de quelque chose qu’il n’avait jamais pensé à créer ; du Néant, de son cœur ou de la Lumière dont il est né naquirent peu à peu les émotions. Ennuyé par sa tâche de création, qu’il trouvait pauvre et répétitive, le dieu fut émerveillé par les sentiments qu’il commençait à ressentir. Il les provoquait, les étudiait. A force de les observer, il se rendit compte que l’une d’entre elles se faisait dévorante à son égard, l’affaiblissant plus que toute autre : la solitude. Il était seul, dans son univers, et la compagnie des soleils, bien que chaleureuse, ne le réconfortait plus depuis longtemps. Sa belle détermination était profondément enfouie, minée par le temps.
Il observa son corps, sa plus belle œuvre d’art, et réfléchit longuement. Pendant un siècle, les rouages de son esprit se mirent à l’ouvrage, afin de trouver le pouvoir de sa Lumière. Quand, finalement, il l’atteignit, l’être céleste tendit la main, et de ses doigts jaillit une fontaine de lumière blanche. Il utilisa tout son savoir-faire pour la modéliser, la former comme il la voulait, jusqu’à arriver au résultat parfait. Ému, il s’approcha de la créature divine, qui leva les yeux et la conscience vers lui. Lorsqu’il la toucha, il ressentit quelque chose pour la première fois, cette émotion endormie appelée l’amour s’était éveillée, et elle l’envahissait entièrement à présent. La joie qui se lisait sur le visage de sa création fit bondir son cœur.
De leur union naquit des centaines de dieux, tous plus impressionnants et puissants les uns que les autres. Bientôt, certains commencèrent à quitter l’univers de leurs parents, partirent créer quelque chose qui leur serait propre. Parmi eux, le petit-fils de l’aîné, Frabeus, partit avec de nombreux parents afin de diriger son propre panthéon.
Le jeune dieu créa son univers, et l’emplit bientôt de toutes ces belles choses qu’il avait un jour vues dans celui de son arrière-grand-père, l’entité. Sa génération prospéra, ses héritiers se multiplièrent, jusqu’à ce qu’il règne sur des centaines de dieux. Durant des années, la situation resta stable, florissante, avec comme distractions les relations entre les divinités.
Mais un jour, tout cela bascula. Des ténèbres sortit un dieu, puissant, effrayant, avec une âme noire comme le Néant. Il représentait une menace pour chaque être sorti de la Lumière. Il était, de par sa nature, une abomination. Une malédiction.
Frabeus réunit ses héritiers, ainsi que tout son pouvoir, pour vaincre la bête. Elle qui avait déjà causé des dégâts irréparables sur l’âme de créatures bénies, les ayant transformées en monstres à abattre. Ce fut un combat sans merci ; beaucoup furent tués. Mais finalement, la créature noire fut vaincue, et l’on entendit plus parler d’elle pendant de longues, très longues années… jusqu’à son retour.
Une vraie malédiction s’était emparée de son cœur, l’avait pourrie jusqu’à la moelle, et il semblait que le mauvais sort ne s’arrêterait pas là. Des milliers d’années après son attaque, le dieu sombre revint sous une autre forme, fut banni, avant de revenir encore, chaque fois de plus en plus fort. Frabeus mourut, ses enfants périrent, et l’on oublia la malédiction. Pendant très longtemps, l’univers demeura calme, sans remous, sans ténèbres.
Personne ne se rappelait d’Ébène, le roi noir, et sa prochaine réincarnation fut oubliée également.
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Étoile naquit de la Lumière d’une descendante de Frabeus. L’on découvrit rapidement ce que l’enfant était capable de faire ; créer la vie, mieux que quiconque. Son pouvoir, sans précédent, la fit rapidement monter au palais de son panthéon, et lui permit de côtoyer des gens importants, ainsi que de recevoir la meilleure des éducations. Lorsqu’elle n’étudiait pas ou ne croulait pas sous les requêtes, Étoile jouait avec ses amis. De très jeunes dieux, ne sachant pas encore comment utiliser leurs pouvoirs. Il y avait une de ses divinités qu’elle aimait plus que les autres, plus que tout ce qu’elle avait pu connaître depuis le moment où sa conscience sortit de la Lumière. Son nom était Astre. Il était tout ce qu’elle n’avait jamais vu de plus brillant, et il ne la trouvait pas merveilleuse à cause de son pouvoir, mais pour tout ce qu’il voyait en elle. Elle décida de l’épouser, dès qu’elle serait libre de faire ses propres choix.
Il y a cinq mille ans, lorsqu’elle prit cette décision, l’impensable se produisit. L’un des dragonneaux avait entendu la rumeur de gemmes incroyablement brillantes cachées dans un recoin sombre du Royaume des Morts, et alors que les amis étaient ensemble, avait défié Astre de s’y rendre et de les ramener. Étoile n’avait pas envie de le voir y aller, même pour cette promesse de bijoux, mais elle n’avait pas appris à s’imposer, et elle sentait que son ami ne voudrait pas se dégonfler devant les autres dieux. Elle ne fit donc aucun commentaire, et aussitôt un horrible sentiment lui tordit les entrailles. Elle sourit à Astre lorsqu’il partit vers la Montagne Noire, s’engouffra dans une faille de la falaise. Ce fut la dernière fois qu’elle le vit.
Des heures plus tard, elle rentra en pleurs au palais, suppliant la reine du panthéon, ainsi que ses propres parents, de partir au secours d’Astre. Elle récolta des cris, de la colère, des punitions, et endossa tout. Si cela pouvait lui ramener son ami. Malheureusement, le convoi de dieux partis à sa recherche ne trouva rien, nulle part. Ni gemmes, ni dragons. Seulement des âmes errantes et les dangers de ce monde. Étoile partageait ses jours entre angoisse, colère et culpabilité dévastatrice. Durant des décennies, les patrouilles furent menées pour retrouver le jeune dieu, hélas, il ne réapparut jamais.
Laissant Astre au passé, Étoile continua son apprentissage, entraînée par la reine elle-même pour prendre sa place à la tête du panthéon. Tous la regardaient avec admiration, cette dragonne capable de créer la vie. Elle eut des dizaines de prétendants, mais son cœur saignait toujours pour celui qu’il n’avait jamais retrouvé. Elle n’eut pas d’enfants, seulement des créations. Lorsqu’elle monta sur le trône, une résolution sans failles avait remplacé son cœur aux émotions puissantes, et un masque de fer les gardait profondément enfermées.
Espérant se divertir, elle entreprit d’exposer au panthéon sa nouvelle idée : la création d’un monde entièrement peuplé, comme le leur, seulement ce serait des créatures mortelles, faibles, flexibles et divertissantes. Elle pourrait les regarder s’aimer pour elle. L’aimer, elle.
Son idée la séduit, et elle passa directement tout son temps à ce projet. Les dieux étaient enchantés, certains plus jaloux qu’émerveillés par ses incroyables pouvoirs ; d’autres attendaient déjà de prendre sa place, assoiffés de pouvoir.
En ce monde, elle déversa tout le bon en elle. Son espoir, son amour et sa bonté. Ses créatures vivaient une vie parfaite, celle qu’elle n’avait jamais eue. Elle faisait attention de ne créer aucune créature seule, toujours liée à une autre. Son jeu favori était de regarder les âmes sœurs se trouver enfin. Elle ne s’en lassait jamais. Elle laissa quelques guides en ce monde, s’accouplant avec des dragons pour créer des demi-dieux. Des héros, pour guider ses créatures. Pour être sûre qu’elles trouveraient le bonheur. Il n’y eut que quelques centaines d’années ainsi.
Un jour, le sol de marbre lisse du palais des dieux trembla. Le monde entier trembla, sous le rugissement d’une entité immensément puissante. Les dieux fuirent, ils se rassemblèrent auprès de leur reine, terrifiés. Certains disaient que la Lumière allait s’éteindre, d’autres que la Montagne Noire s’était ouverte en deux. Étoile essaya en vain de les calmer, car sa propre panique emballait son cœur. Que se passe-t-il ? Elle n’en avait aucune idée. Le brouhaha stoppa brusquement, remplacé par des cris étouffés d’effroi et de malaise.
La jeune reine tourna le regard vers l’entrée de la salle du trône, et aussitôt tout son être se révulsa. La peur qu’elle ressentît à la vue de ce dieu, aux écailles et aux yeux aussi noirs que la nuit, fut la plus grande de sa vie. Il est perturbant pour un dieu de ressentir la peur.
- Va-t’en, créature de l’obscur, cracha-t-elle, car c’est tout ce qu’elle voyait en lui. Retourne d’où tu viens !
L’ignoble chose s’arrêta au milieu du chemin que la foule avait formé pour lui, de peur de le toucher. Il eut presque l’air peiné, mais Étoile n’était pas dupe ; elle avait bien peur d’être en face du Néant en personne, venu pour prendre son âme. Pourtant, ses yeux étaient étrangement brillants et sa bouche trembla lorsqu’il prononça les mots suivants :
- Étoile ? C’est moi, Astre ! Ton ami ! Tu ne te souviens pas de moi ?
La déesse trembla imperceptiblement. De colère plus que de peur. ASTRE EST MORT !
- Astre ? Il est mort depuis bien longtemps ! Tu salis sa mémoire en essayant de prendre sa place !
- Mais… Que se passe-t-il ? Enfin, Étoile, dis-le-moi ! Quand Astre est-il mort ?
Le cœur de la dragonne se serra alors que le chagrin la traversait. Il ne pouvait pas être Astre, c’était impossible. Il ne lui ressemblait pas. Astre était aussi doré que le soleil, aussi brillant que la Lumière, il n’aurait jamais pu ressembler à une créature comme celle qui se tenait devant elle. Elle désirait le tuer pour le calvaire qu’il lui faisait vivre à cet instant, mais même à ces quelques mètres de distance, elle sentait son froid glacial. Elle ne désirait absolument pas s’approcher du démon.
- Cela fait un millier d’années, vermine !
La nouvelle eut l’air de l’impacter réellement, malgré ses yeux vides comme l’abîme. La créature resta longtemps sans bouger, l’air accablé, et porta sa patte à son cou pendant un instant. Les gardes se resserrèrent autour d’Étoile, de peur d’essuyer une attaque.
Pourtant, aucun d’eux ne se dévoua lorsque l’abomination sauta du sol à la plateforme sur laquelle était placée le trône. Ou alors, ils ne le pouvaient pas. Même la déesse de la création restait pétrifiée par l’aura froide du démon, situé à présent à quelques centimètres de sa tête. Il pourrait m’égorger en une demi-seconde, s’il le voulait… Cette pensée la terrifia plus que toute autre. Il commença alors à parler, d’une douce voix, un chuchotement aussi glacé que la mort. Il ouvrit sa patte de force, lui glissa quelque chose sans qu’elle puisse le voir. Il se tourna vers les dieux ensuite.
- Je me nomme Ébène, et je suis le dieu des ténèbres. Vous feriez bien d’apprendre à me craindre, car, ici, je suis la mort.
Et il disparut. Alors que tout le monde s’agitait autour d’elle, Étoile baissa les yeux entre ses griffes, les ouvrit jusqu’à ce qu’apparaissent des centaines de gemmes mauves. Les précieuses améthystes… Elle voudrait les jeter sur le sol, hurler à en devenir folle et se terrer dans un trou pour le restant de ses jours, regrettant tous les actes de sa vie. Au lieu de cela, elle pleura. La reine quitta la salle du trône et personne ne la revit avant de nombreux jours.
Lorsqu’elle réapparut, ce fut pour faire face à une crise sans précédent de son panthéon. Le dieu… Ébène, n’avait pas été retrouvé, et l’on entendait des rumeurs sur les dragons créés par Étoile. L’on disait que son monde idyllique aurait été… corrompu.
Le chagrin de la déesse s’évapora à cette nouvelle, et elle se rendit aussitôt sur les lieux saints de son œuvre. Ce qu’elle découvrit mit son cœur en pièces ; le dieu noir avait complètement envahi sa création. Ses précieux sentiments étaient tachés de vanité, de colère, de jalousie et de mépris. Les changements étaient irréversibles, malgré tous ses efforts. Elle ne put rien faire. Sa colère fut telle qu’elle défia Ébène, le poussa à répondre de ses actes dans un combat qui s’avérerait être sans merci.
Le démon accepta avec une colère immense, et des armées commencèrent à se former chez les deux partis. Ébène recruta tout ce qu’il se trouvait de plus noir au monde, tout comme des créatures malfaisantes, nées du Néant, des âmes errantes assoiffées de sang et des dieux rebelles d’autres panthéons. Étoile demanda à ses ancêtres leur aide, mais ils refusèrent. Eux aussi avaient des problèmes dans leurs propres univers, et celui-ci leur paraissait dérisoire. Elle dû donc en appeler à son pouvoir et, sachant qu’Ébène utiliserait des tactiques déloyales pour la vaincre, elle passa des jours à travailler sur une nouvelle œuvre. Une œuvre faite pour tuer. Lorsque son projet fut enfin prêt, la reine rassembla ses soldats, ses créations et ses dieux, et se promit d’éradiquer le mal de son univers.
Les armées se rencontrèrent sur le sol du Royaume des Morts, où le dieu noir avait élu domicile. De leur combat sanglant naquirent tonnerre et pluie torrentielle, ainsi que la plus terrible tempête galactique de ce monde. Des météorites s’écrasèrent sur le champ de bataille, cessant les combats, qui duraient depuis de nombreux jours. Alors qu’Étoile se débattait avec le vent puissant et les créatures du Néant, Ébène se glissa derrière elle et, lorsqu’elle fut déconcentrée, il la poussa violemment dans un tourbillon astral. Elle n’y survit pas. Alors qu’il se redressait, victorieux, prêt à entendre les acclamations de ses fidèles, ses soldats poussèrent des cris d’horreur. Il ne vit pas ce qui le tua ; une créature rapide et sans pitié, qui le tua en un coup. Son corps tomba à pic, avant d’être emporté par le même tourbillon qui avait pris Étoile. La créature de la lumière, Stakimlee, grogna ; elle avait vécu pour ce but, et elle l’avait accompli.
L’armée d’Ébène fut battue, la plupart tuée, tandis que la minorité prit la fuite. Leur chef était mort, mais la reine du panthéon l’était également. Stakimlee s’accomplit d’une autre chose avant de disparaître : il créa des Draguas, des dragons mages, afin qu’ils répandent sur le continent dévasté par la haine un peu de bonté, d’amour et d’harmonie. Hélas, Ébène avait entraîné les dragons trop loin. Des royaumes se créèrent, des frontières se dressèrent. Des assassins apparurent, des êtres emplis de colère qui bientôt formèrent un culte au nom de ce cruel dieu noir : Ébène.
Chez les dieux, Pharys prit la tête du panthéon avant que quiconque ne puisse prendre la parole. Grand et sévère, il ferait néanmoins un bon dirigeant. Les jeunes dieux ambitieux ne dirent rien, de peur de s’attirer les foudres du nouveau roi, et s’intéressèrent plutôt à la vie sur le monde d’Étoile.
Ils ne la pleurèrent pas longtemps, cette jeune reine. Son pouvoir était une immense perte, mais il était à présent oublié, et il ne resta que son souvenir dans le cœur de ses proches. Quant à Ébène, malheureusement, il se transforma en cauchemar.
Des années encore après leurs morts, ces deux dieux importants de l’histoire sont vénérés et blasphémés par les créations d’Étoile. Certaines, en effet, renient leur créatrice, et vouent un culte à son assassin et ses écailles noires.
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